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La fièvre

 

Moïse et le poulpe

 

Moïse était un tout petit garçon très intrépide. Agé d’à peine deux ans, rien ne semblait l’effrayer. Sauter sur un trampoline, glisser sur un toboggan ou se tenir debout sur une balançoire.

Un été, ses grands-parents partirent avec lui à la mer.

Le premier jour, équipé de bouées mais prudent, il ne fit que quelques pas dans l’eau reculant en riant à chaque vague. Le lendemain, il s’éloigna un peu plus du bord aussi loin que ses petites jambes pouvaient le maintenir hors de l’eau. Le jour d’après, toujours grâce à ses bouées, il put nager même s’il n’évitât pas de boire la tasse, ce qui le fit rigoler. Moïse ne prononçait clairement que quelques mots, mais les expressions de son visage valaient bien tous les discours. Il était heureux, hilare, épanoui, réjoui. Ses grands-parents en étaient très fiers.

Puis Grand’Pa acheta un petit bateau en plastique avec un fond transparent. Il mit Moïse dedans et l’emmena un peu plus au large observer les poissons. Il y avait des girelles vertes et orange, des sarrans zébrés de brun, des oblades avec leur trait noir sur la queue et des gobies. Moïse était émerveillé mais un peu déçu de ne pas pouvoir les caresser.

Le lendemain, Moïse échappa quelques secondes à l’attention de Grand’Pa occupé à gonfler le bateau en plastique. Quand Grand’Pa releva la tête, Moïse avait disparu. Il chercha, appela.

- Moïse! Moïse! Moïse où es-tu?

Il interrogea toutes les autres personnes sur la plage. Et aussitôt tout le monde se mit à sa recherche.

Moïse était parti, tout seul et sans ses bouées. Et quand il n’eut plus pied, il s’était mis à nager sous l’eau. Sous lui des algues ondulaient dans le mouvement des vagues. Des petites poissons brillaient dans les rayons du soleil comme autant de trésors posés au fond de l’eau. Moïse flottait essayant de toucher les poissons qui, curieux, nageaient autour de lui. Mais contrairement aux poissons, Moïse et tous les autres humains ont besoin d’air pour respirer. Et les petits poumons de Moïse étaient presque vides.

Heureusement Monsieur Poulpe passait par là. Voyant Moïse, il fonçât, aspirant l’eau et l’éjectant avec tant de force qu’il ne mit que quelques secondes pour rejoindre Moïse. Constatant que le petit garçon avait très froid, Monsieur Poulpe l’entoura de ses tentacules et le serra très fort contre lui.

Avec sa plus grande tentacule, Monsieur Poulpe prenait de l’air à la surface et le donnait à Moïse pour qu’il puisse respirer. Et quand Monsieur Poulpe fut certain que Moïse allait bien, il le porta jusqu’à la plage où tout le monde était à sa recherche.

On aurait dit que Moïse flottait au-dessus de l’eau. Dressé sur quatre tentacules, Monsieur Poulpe avançait lentement, ses 4 autres tentacules formant comme un berceau.

Délicatement Monsieur Poulpe posa Moïse sur le sable et, à peine sur pied Moïse se mit à courir vers son grand-père qui, à son tour, le serra fort dans ses bras pour un long câlin sans reproches.

Puis Moïse prit Grand’Pa par la main et l’emmena lui présenter Monsieur Poulpe. Grand’Pa avec ses bras et ses mains essayant de remercier Monsieur Poulpe sans bien savoir s’il serait compris ne connaissant pas le langage des octopodidés

Moïse et Monsieur Poulpe se firent un dernier gros câlin sous les applaudissements de toute la plage. Puis Monsieur Poulpe reprit la mer, salua une dernière fois Moïse en agitant une tentacule et disparut dans les vagues.

Depuis ce temps, Moïse n’oublia plus jamais de mettre ses bouées et se promit que, plus grand, quand il saura bien nager, il irait rentre visite à Monsieur Poulpe.

Cadaqués - 2021

 

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