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Un drôle de jardin 

 

Il était une fois un jardin… Non, non, ce n’est pas une histoire qui se serait déroulée dans les temps anciens. Cela se passe aujourd’hui dans le jardin potager de Grand’Ma et de Grand’Pa. Et plus exactement dans la serre qu’ils ont installé au fond du jardin. Laisse-moi tout te raconter.

 

Toutes les autres années Grand’Ma et Grand’Pa cultivaient leurs légumes au fond du jardin comme font beaucoup de jardiniers. Mais cette année, grande nouveauté, Grand’Ma et Grand’Pa avait acheté une serre.

- Comme cela, nos légumes pousseront plus vite avait dit Grand’Pa.

 

Un soir, après avoir bien arrosé ses plantes, Grand’Pa faisait un dernier tour dans sa serre et aperçu plusieurs jeunes tomates. Petites et encore vertes, elles n’en faisaient pas moins sa fierté. À tel point qu’il ne résista pas à les prendre en photo pour les montrer à Grand’Ma. Le lendemain, de retour dans la serre, Grand’Pa accompagné de Grand’Ma se dirigeât vers le pied de tomates qu’il avait, la veille, pris en photo.

 

- «Regarde, les … », mais il n’arriva à finir sa phrase. «Les tomates! Elles ne sont plus là. Elles ont disparu.»

- Mais non dit Grand’Ma. Regarde, elles sont là. Tu t’es juste trompé de pied.

- Ah! Oui. J’aurais pourtant juré qu’elles étaient ici, sur cette autre pied. J’ai cru qu’elles avaient été mangées par un animal pendant la nuit.

 

Grand’Ma hocha la tête en regardant tendrement Grand’Pa. Revenus dans leur maison, Grand’Pa dit.

- Quand même en regardant la photo qu’il avait prise la veille, elles étaient bien sur le premier pied.

Grand’Ma regarda la photo sans voir de différences entre tous les pieds de tomates.

 

Grand’Pa voulu en avoir le cœur net. D’un pas décidé, il retourna dans la serre et mis un gros caillou sous le pied de tomate. Au matin, Grand’Pa, qui n’avait pas bien dormi, rêvant de tomates volantes, se dirigea vers la serre. Les tomates n’étaient plus sur le même pied. Impossible se dit-il que le caillou se soit déplacé. Il se précipita dans la cuisine où Grand’Ma finissait son petit déjeuner en s’exclamant

- Elles ont encore changé de pied. Il n’y a plus de tomates là où se trouve la pierre.

 

Le lendemain, elles avaient grossi et commençaient à rougir. D’autres légumes aussi prenaient forme dans la serre. Mais là aussi, les choses étaient étranges. Des courgettes étaient attachées au plant des aubergines. Des potirons pendaient aux pieds des poivrons. Toute la serre était dans un grand désordre. Et tous les jours, les légumes et les fruits de la serre grossissaient et mûrissaient mais toujours dans un grand désordre. Car ils se retrouvaient souvent attaché à un pied qui n’était pas le leur. Du matin au soir rien ne bougeait. Ce n’était que le lendemain que tout était bouleversé.

 

Aussi, quelques jours plus tard, Grand’Ma et Grand’Pa se levèrent en pleine nuit. À leur grand surprise, la serre au fond du jardin était éclairée de l’intérieur. Alors doucement, à pas de loup, ils s’approchèrent de la serre. Ils soulevèrent un des petits volets qui se trouvaient sur les côtés. Dans la serre, tous les légumes dansaient, riaient éclairés par des dizaines de vers luisants. Ils restèrent là jusqu’au lever du jour. Quand soudain, le gros chat de leur voisin, intrigué par le bruite s’approcha de la serre. Éclairé par les premiers rayons du soleil, son ombre sur les bords de la serre en faisait une bête féroce et gigantesque.

 

Et à ce moment-là, pris de panique, tous les légumes de la serre se raccrochèrent au pied le plus proche, peu importe que ce soit le leur ou pas. Les vers luisants éteignirent leur lumière. Le chat tourna autour de la serre s’en pouvoir l’ouvrir puis retourna chez lui. Le spectacle valait le coup d’œil. Des carottes pendaient aux pieds des tomates, des tomates à ceux des potimarrons, des fraises aux pieds de courgettes. Et dans ce désordre absolu, quelques fois, un légume se trouvait accroché à son propre pied.

 

L’été arriva. Tous les fruits et légumes de la serre s’étaient gorgés de soleil et étaient mûrs à point. Et pour ne pas fatiguer Grand’Ma et Grand’Pa, tous se rassemblèrent dans les deux paniers en osier. Un pour les légumes et un autre pour les fruits. Plus surpris de rien, Grand’Ma et Grand’Pa emmenèrent les paniers dans la cuisine. En lavant le contenu des deux paniers, Grand’Ma eu l’étrange impression que les concombres, les tomates, les aubergines, les poivrons, les courgettes, les navets, les oignons et tous les autres lui souriaient. Grand’Ma en était toute émue.

 

- Ne pleure pas lui dit une carotte avec encore sa fane sur la tête. Tu nous as bien nourri, bien gardé au chaud dans la serre à l’abri du vent et des rayons trop chauds du soleil. Nous n’avons jamais eu soif. Tu nous as laissé jouer et danser la nuit. À notre tour de te faire plaisir en nous mangeant.

 

Après le déjeuner pris avec les enfants et les petits enfants, tous les convives félicitèrent Grand’Ma et Grand’Pa de l’excellent repas qu’il venait d’avoir et surtout des légumes qui étaient vraiment délicieux.

 

Le plus jeune des petits enfants s’exclama.

- Oui c’était très bon. C’est magique de manger d’aussi bons légumes!

Alors Grand’Ma et Grand’Pa se sourirent car eux seuls savaient ce qu’il y avait de magique dans cette histoire.

 

Saint-Loup - Juin 2020

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